TICsanté – Joël DE ROSNAY « Le patient devient éclairé et augmenté grâce aux outils numériques »

LA BAULE (Loire-Atlantique), 14 avril 2015 (TICsanté) – Le scientifique et écrivain Joël de Rosnay a présenté sa vision de l’impact du numérique sur la santé de demain, lors d’une conférence organisée dans le cadre des 7èmes journées des adhérents du groupement d’intérêt public Santé informatique Bretagne (GIP SIB), qui se sont tenues du 8 au 10 avril à La Baule.

Conseiller de la présidente d’Universcience et président exécutif de Biotics International, Joël de Rosnay a été invité par le SIB à s’exprimer lors d’une conférence plénière intitulée « Écosystème numérique et patient augmenté: les défis de la santé pour demain ».

« Le patient devient éclairé et augmenté », a-t-il expliqué. Avec les smartphones -« plus puissants que les ordinateurs qui ont envoyé un homme sur la Lune »- et les objets connectés de santé, on est passé « du selfie au healthfie », a-t-il souligné. « Auparavant, on ne disposait que de la balance et du miroir pour se mesurer, aujourd’hui on peut surveiller en temps réel nos paramètres vitaux et les intégrer entre eux ». C’est ce qu’il appelle le « tableau de bord santé personnalisé (TBSP) ».

Cette évolution vers plus de prévention force l’industrie, notamment pharmaceutique, à se « rééquilibrer », a-t-il dit. Elle attire aussi les géants du numérique: Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft. Ces géants, qui disposent de capacités de financement phénoménales, « permettent de désintermédier les systèmes classiques » et entrent « dans tous les secteurs grâce au numérique », a-t-il insisté.

Il a pris l’exemple du HealthVault de Microsoft, un « coffre-fort santé » qui permet de stocker ses informations médicales. « Microsoft a réussi à créer ce que la France essaye de faire avec le DMP » (dossier médical personnel), mais sans les sécurités réglementaires françaises.

Pour s’adapter à l’irruption des géants du numérique dans la santé, Joël de Rosnay a incité les industriels à « remplacer le rapport de force par des rapports de flux », en s’associant à leurs services et projets dans une logique « gagnant-gagnant ». Cela permettra, in fine, « d’éviter qu’ils détiennent le monopole du numérique ». Dans ce domaine, les sociétés françaises, « pionnières dans la e-santé », ont leur carte à jouer.

Cette association doit permettre de créer des « systèmes d’innovations » plutôt que des outils fonctionnant en silos, a-t-il fait valoir.

L’irruption du numérique en santé « touche l’environnement hospitalier », a-t-il poursuivi. Avec des bénéfices (« gestion des médicaments, localisation du matériel et des personnes, fin des redondances, etc. ») mais aussi des problématiques « liées à la confidentialité et la sécurité des données ». Le scientifique a insisté sur la nécessaire formation du personnel pour appréhender ces évolutions.

Il est également revenu sur la tendance du « bring your own device » (BYOD) qui consiste pour un professionnel à utiliser son propre matériel (smartphone, tablette, PC portable) sur son lieu de travail. Si cela peut « faciliter la relation entre le patient et le professionnel de santé », il est important d’apprendre aux agents à « gérer leur temps » et à « mettre une frontière entre leur travail et leur vie privée ». 

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